Eisenstein

23-01-2006 à 15:25:03
Sergueï Mikhaïlovich Eisenstein

'Pas pu m'empêcher de faire ce sujet, mais en ce moment, je traverse une "période Eisenstein" et depuis visionnage d'Ivan le Terrible (partie 2, dois-je préciser), je suis devenue une grande admiratrice de ce génie, de ce grandiose cinéaste : Sergueï M. Eisenstein. Eisenstein se prononce Eizenstéïn. Ce grand théoricien du cinéma, ce génie, ce maître du montage, ce réalisateur de nombreux chef-d'oeuvres... C'est Eisenstein !

Sergueï Mikhailovitch Eisenstein est né le 23 janvier 1898 (demain, c'est son anniversaire) en Lettonie et est mort (bien trop tôt) le 11 février 1948 à Moscou en Russie. Ce jour-là, on peut bien le dire, la Russie et le cinéma ont perdu un grand monument qui a révolutionné le 7ème art. Car ce génie a plus particulièrement révolutionné le montage.

Les montages de Griffith, vont influencer le futur grand Eisenstein mais la principale source d'inspiration du cinéaste fut Lev Koulechov, qui lui aussi, a révolutionné le montage en 1922 et qui donna naissance à "l'effet Koulechov" :
1. Image d'Ivan Mosjoukine, au regard totalement inexpressif.
2. Image d'une assiette de soupe.
3. Image d'Ivan Mosjoukine.
4. Image d'une femme morte.
5. Image d'Ivan M.
6. Image d'une fillette avec une peluche.

Le public, après visionnage de ce montage ont dit que l'acteur exprimait diverses expressions : Faim, tristesse et tendresse or il n'en était rien, mais la cause de cet effet était le montage ! Cette expérience prouve bien donc que le montage est nécessaire, qu'on peut le considérer comme une seconde réecriture du film, qu'il est là pour procurer diverses émotions, et qu'un mauvais montage peut gâcher un film.

Eisenstein sera beaucoup inspiré par Koulechov (qui était l'un de ses élèves) et utilisera le même procédé en appliquant cette formule : "Par ex, on prend une image d'un oeil, puis une image d'un lac par exemple... Celà, donnera un oeil qui pleure, on prend sinon une porte, puis une oreille, ça donnera quelqu'un qui écoute à la porte, etc...".

L' "ennemi" (le mot est un peu gros) d'Eisenstein fut longtemps Dziga Vertov, autre grand réalisateur Russe qui lui, a inventé le "cinéma oeil" c'est à dire qu'il saisit la réalité sur le vif. En gros, il fait des documentaires et était contre le montage vu qu'il voulait que ses films de propagande soient objective et que grâce au montage, l'auteur ajoute une pointe subjective au film. Eisenstein lui a d'ailleurs répondu "moi, je fais du cinéma poing !". Après la mort de Lénine, le cinéma de Verov est mort car il ne correspondait pas au régime de Staline. On pourra tout de même citer son oeuvre la plus connue : "l'Homme à la Caméra" en 1929.

Bon, maintenant, on va passer aux films.
Bon, bien sûr, il faut préciser que ses films sont des films de propagande (sauf pour Que Viva Mexico!) vantant la révolution Russe et le régime Stalinien. Je vais reprendre un peu les critiques faite sur mon blog :D

1924 : la Grêve.

1925 : le Cuirassé Potemkine.
Ce film est longtemps resté comme le plus grand films de tous les temps jusqu'en 1941 après la sortie de Citizen kane d'Orson Welles.

C'est grâce au Cuirassé Potemkine que le cinéma russe s'est imposé dans le monde entier. Il était déjà assez important grâce au réalisateur Dziga Vertov (l'Homme à la Caméra en 1929) qui faisait des films documentaires de propagande vantant la révolution Soviétique. Mais c'est Eisenstein qui a instauré le cinéma de fiction pour faire des films de propagande, c'est ce qu'il a fait pour le Cuirassé Potemkine : le massacre d'Odessa n'a jamais eu lieu.

Même s'il s'agit d'une oeuvre de propagande (il y célèbre le vingtième anniversaire de la révolution), le Cuirassé est devenu l'un des films les plus importants de l'histoire du cinéma. Il a révolutionné le montage en utilisant des raccords cuts (c'est à dire des enchaînements simples entre deux plans, ou des liaisons soulignées par un effet fondu, volet, etc...). Ce montage souligne le côté dramatique de certaines scènes, surtout la scène très connue du landeau (reprise dans les Incorruptibles de Brian de Palma), grâce au rythme donné.

Le Cuirassé Potemkine est le deuxième film d'Eisenstein après la Grève. Pour les Historiens et la plupart des cinéphiles, c'est le film le plus célèbre du monde, souvent dans les premières places des palmarès internationaux des meilleurs films de l'histoire du cinéma (il se trouve 15ème dans le classement Sight and Sound effectué auprès de 250 réalisateurs tous les dix ans depuis 1942).

Oeuvre majeure qui a été interdite dans beaucoup de pays durant un long moment, le film est totalement avant-gardiste pour l'époque, un chef-d'oeuvre, quoi !

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1927 : Octobre, les 10 jours qui ébranlèrent le monde

Alors, celui là, miam. Encore un chef-d'oeuvre...

En 1927, Eisenstein, doit réaliser, pour le 10ème anniversaire de la révolution des bolchéviks, une deuxième œuvre de propagande sur ce grand événement historique après la Grève et le Cuirassé Potemkine. C'est dans ce film, Octobre, qu'il a l'occasion d'aller plus loin dans l'application de ses idées sur le montage : le « montage intellectuel » ou « pensée sensorielle ». C'est à dire qu'Eisenstein a associé des images qui concilient l'approche poétique et l'approche rationnelle. Il évite le plus possible, le montage linéaire. Grâce à son montage et à son utilisation du cinéma poing (qui s'oppose au cinéma œil de Dziga Vertov, qui ne voulait faire que capter la réalité), Eisenstein donnait sens à ses images, grâce à l'enchaînement donné (les raccords très courts qui se suivent) exprès à son film, créant ainsi une véritable symphonie visuelle et donnant un message visuel très fort au spectateur.

Le montage d'Eisenstein, très avant-gardiste pour l'époque, révolutionna totalement le cinéma. Ce qui fait de ce cinéaste l'un des plus grands de tous les temps. Hitchcock, le perfectionniste du cinéma suivra d'ailleurs aussi cette technique, comme on peut le constater dans ces scènes les plus grandioses comme la douche ou le meurtre du Crime Etait Presque Parfait.

Octobre peut être considéré comme la première superproduction du cinéma Russe : plus de 10 000 figurants qui ont tourné à Léningrad même. Pour rendre le film encore plus véridique, Eisenstein engagea d'ailleurs des acteurs non-professionnels mais toujours ouvriers.

Rajoutons aussi qu'en 1967, une musique de fond, du grand compositeur Dmitri Chostakovitch, a été rajouté au film, rendant Octobre encore plus magistral dans toute sa splendeur. Un grand classique de l'ère du muet, inoubliable et qui n'a pas pris une seule ride d'un point de vue technique.

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1929 : la Lignée Générale.

1933 : Que viva Mexico!

En 1931, des studios Américains proposent à Eisenstein de travailler aux Etats-Unis. Celui ci accepte et commence à écrire des scènarios qui seront par la suite, rejetés par les studios. Seul son idée de faire un documentaire sur le Mexique est retenu. Depuis, sa jeunesse, le cinéaste était un grand admirateur de ce pays et de sa culture. Son rêve se réalise et il tourne ce splendide documentaire aux images absolument éblouissantes (j'ai rarement vu ça) qui défilent sur un fond musical Mexicain. Malheureusement, le film est resté inachevé, car Eisenstein et ses assistants n'avaient plus les moyens de tourner.

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1935 : le Pré de Béjine

1938 : Alexandre Nevski.

Sergueï M. Eisenstein, réalise son premier film sonore en 1938, Alexandre Nevski. Peut-être son film le plus "Stalinien" mais l'un de ses plus beaux, l'une de ses plus grandes réussites. Bien au-delà de la propagande, ils nous offre un véritable spectacle d'émotions.

En 1937, le réalisateur Russe Sergueï M. Eisenstein est autorisé à tourner un film mais sa marge de liberté se trouve réduite au minimum : le sujet du film historique et patriotique, en rapport avec la montée du péril Hitlérien, est imposé par Staline, des collaborateurs sont présents durant le tournage du film, ils sont chargés de contrôler l'idéologie du film. Après la signature du pacte de non-agression entre Hitler et Staline, le film a été retiré des salles obscures, mais après que l'Allemagne eut envahi la Russie, l'oeuvre ressortit sur écran.

Alexandre Nevski est un film de propagande, c'est sûr, mais justement, il est intéressant de voir ce film pour son contexte. Bien entendu le patriotisme est sans cesse présent : les Allemands sont les méchants, les Russes sont les gentils. Presque tout dans le film vante le régime Russe : les paroles des chansons Russes ("Il y a eu combat, sur le fleuve de Neva, sur la grande eau, nous y avons massacré de féroces guerriers, notre natale Russie, etc..."), certains dialogues ("la glace est mince" Nevski : "l'Allemand est plus lourd, elle cédera à lui", "celui qui viendra avec l'épée en Russie, périra avec l'épée"), les femmes se battent... Le but d'Alexandre Nevski était en fait d'adresser un avertissement à l'Allemagne.

Mais Alexandre Nevski est bien un chef-d'oeuvre d'un art-nouveau : l'audio-visuel. En effet, Eisenstein a su créer un mariage parfait entre l'image et le son lors de la scène de la bataille sur la glace avec comme fond musical, la musique épique de Prokofiev. Cette scène est resté à jamais célèbre dans l'histoire du cinéma. Alexandre Nevski. Que dire de cette scène... Prokofiev, très célèbre compositeur du XXème siècle a collaboré avec Eisenstein pour plusieurs films dont Alexandre Nevski mais aussi Ivan le Terrible partie 1 et partie 2 (au passage, la partie 2 est un pur chef-d'oeuvre). Le mariage crée par les images excellentes d'Eisenstein et la magnifique composition de Prokoviev, est... parfait. De plus, l'opposition entre les deux armées a été très élaboré : les chevaliers Allemands sont toujours présentés en formations géométriques, regroupés en triangles ou en carrés, rectangles, etc. Ils sont toujours dissimulés sous des casques, et n'ont donc pas de visages, ni d'identité contrairement aux Russes, qui eux sont à visage découvert. Celà indique de quel côté sont les sentiments et la chaleur humaine. Il faut tout de même préciser que la séquence a beaucoup vieilli... mais bien vieilli tout de même. Puis toutes ces choses mal faites font bien sourire gentiment (rire, même) à l'heure actuelle, mais on garde tout de même un grand respect envers cette bataille réalisé par le grandiose, je le répète, Eisenstein. Une scène grandiose, qui a gardé toute sa force, toute son émotion, toute sa beauté. Cette séquence si impressionnante est le descendant du des scènes de bataille du Seigneur des Anneaux ou de Gladiator. C'est beau, c'est divin, c'est exceptionnel. Puis Eisenstein a la aussi, mis tout son talent au service du montage du film. La musique, les prises de vues et bien entendu cette succession parfaite d'images donne toute l'émotion de la bataille sur la glace.


Un pur chef-d'oeuvre magistral et grandiose réalisé par un génie.

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1944 - 1946 : Ivan le Terrible et Ivan le Terrible partie 2 le Combat des Boyards.

Fort du succès d' Nevski, soutenu par les autorités Russes, Eisenstein entreprend le tourner un second film historique, destiné comme toujours à vanter la grandeur du peuple Russe : Ivan le Terrible. La première partie se termine en 1944 et la deuxième en 1946. Mais la deuxième partie, est censurée jusqu'en 1958, 10 ans après la mort d'Eisenstein et 4 ans après la mort de Staline. Soi disant : "Ivan était soi disant entourés de dégénérés dans lesquels pouvaient se reconnaître Staline".

La première partie montre un tsar en pleine possession de ses moyens et de son univers contre les Boyards. La deuxième partie, encore plus exceptionnelle que la première, montre la grandeur d'un homme qui va parfois jusqu'à la paranoïa, hanté par la folie, fou de fêtes. La psychologie d'Ivan est encore plus approfondie, et le personnage offre de multiples facettes : féroce, tyranique. Ivan le Terrible, au fil des conquêtes et des batailles, est épris de mégalomanie. Eisenstein a d'ailleurs ajouté dans la deuxième partie, une séquence très intéressante sur l'enfance du tsar : Ivan devient un homme enfermé dans ses obsessions car durant son enfance, il a été traumatisé. D'ailleurs, Ivan le Terrible est sans doute l'oeuvre la plus personnelle du cinéaste. L'enfance d'Ivan racontée n'est-elle pas aussi un peu celle du cinéaste ? Si. Eisenstein était un fils ilégitime car, il est devenu communiste pour contredire son père. Ilégitime comme Ivan, qui insulte Vassilli Chouiski, le tsar. Eisenstein était fils unique comme l'était Ivan. Il y a sans doute encore beaucoup d'éléments du film à mettre en parallèle avec l'enfance du cinéaste.

Mais bien au-delà de l'aspect propagandiste, cette oeuvre est d'une grande poésie : Tant dans sa mise en scène, que dans les costumes, les dialogues, les jeux de lumières, la divine musique de Prokofiev. Beaucoup reprochent à Ivan le terrible de ne pas être assez humain. En effet, des visages pris en gros plan, ne paraîssent pas toujours humains. On dirait des masques. Mais, personnellement, je trouve ces plans fantastiques et ils confèrent au charme du film. Et Eisenstein voulait sûrement montrer la méfiance qu'ont certains envers la couronnement du tsar. Sinon, la "gueule", l'allure et la prestation de l'acteur non-professionnel Nikolaï Tcherkassov (déjà vu dans Alexandre Nevski) est absolument éblouissante et grandiose, et participe à la grandeur du film.

Dans la deuxième partie, une scène en couleurs fait son apparition vers la fin du film, pour amplifier la mégalomanie d'Ivan entouré de ses danseurs qui chantent, et pour apporter et mettre en valeurs les éléments tragiques du film. Une scène grandiose.

Mais tout dans ces deux films est grandiose. Un grand chef-d'oeuvre. Le dernier film d'un génie resté l'un des plus grands cinéastes de tous les temps.

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"Depuis 30 ans je me tourmente autour de la même question :

Le Cinéma est-il plus important que la vie ?
"

[François Truffaut]

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22-01-2006 à 22:02:15
Malheuresment je ne conais que sa tête et sa formule mathématique. Mais j'aimerais bcp decouvrir sa filmo

22-01-2006 à 22:05:54
Ah oui c'est sur Jérémy, faudrait vraiment le découvrir. Au fait je l'ai pas mis en comm sur ton blog mais Jarhead, je suis du même avis que toi :D

Benoît

La vie continue
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22-01-2006 à 22:08:22
Et Batman, c'est lequel ton Eisenstein préféré ?

"Depuis 30 ans je me tourmente autour de la même question :

Le Cinéma est-il plus important que la vie ?
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[François Truffaut]

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22-01-2006 à 22:12:40
Bah Le cuirassé Potemkine reste mon Eisenstein préféré c'est avec celui-là que j'ai découvert le cinéaste! Sinon appelle moi Benoît hein ;) lol. Quand je repense à la scène des escaliers j'ai encore des frissons qui me parcourent le dos! :D

Benoît

La vie continue
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22-01-2006 à 22:20:15
Ah oui, elle est terrible celle là... Elle a d'ailleurs été reprise dans les Incorruptibles de Brian de Palma. Objectivement, le Cuirassé Potemkine est excellent, subjectivement, je l'adore, mais c'est pas mon préféré :)
Si je devais faire un Top Eisenstein :
1. Ivan le terrible partie 1.
2. Alexandre Nevski.
3. Octobre.
4. Le Cuirassé Potemkine.
5. Ivan le Terrible.
6. Que Viva Mexico!

J'ai hâte de voir la Grève même si je crois qu'il est pas aussi génialissime que les films qu'il a fait après.

"Depuis 30 ans je me tourmente autour de la même question :

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[François Truffaut]

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22-01-2006 à 22:27:18
Disons que je suis d'accord avec ton Top 5, il y a pas mieux chez lui de toute façon :D! A part Que viva Mexico j'ai pas vu et Alexandre Nevski et Ivan le terrible devraient ptet les voir et revoir :D

Benoît

La vie continue
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22-01-2006 à 22:56:32
Un million d'années que je n'ai plus vu un Eisenstein. Honte à moi !
22-01-2006 à 22:58:14
Lol, ça va on peut te pardonner, vu la culture.....:)
23-01-2006 à 15:25:03
Malheuresment je ne conais que sa tête et sa formule mathématique.
(cinefan)


Euh tu confonds pas un peu avec un certain Einstein ?:|

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