Certes des bases solides, mais ils ne s'en servent pas. Personnellement, je ne retrouve rien d'Ozu ou Kurosawa (vu que je n'ai rien vu de Mizoguchi) dans les cinéastes contemporains. Comme je l'ai dit, je sens une "occidentalisation" dans leur cinéma. C'est vrai que je ne suis pas expert, mais Infernal Affairs par exemple est très typé US époque polar en force et psychologique. Enfin c'est mon opinion...
Je ne trouve pas que le ciné sud-US copie... Enfin, pas plus qu'un autre. Il y a les influences, mais même dans Cronicas pourtant inspiré par Silence des agneaux, je trouve quelque chose d'autre... C'est un cinéma naissant, qui copie les adultes mais qui trouvera sa voie... Concernant Innaritu et Mereilles, je ne pense pas qu'il faut les juger trop vite... On aurait pu aussi agresser Kitano avec Violent Cop, puis il y a eu Sonatine, Hana-Bi et Dolls... Une fois encore, nous devrons attendre...
Et c'est là que tu te trompes...
Les cinéastes asiatiques contemporains, se servent à fond des influences de l'époque.
Par exemple, Takashi Miike, est un descendant direct de Seijun Suzuki.
Un cinéma underground, complètement barré, mais non dénué de véritables phases de réflexions.
Ensuite, Kim Ki-Duk, reprend un peu les bases du cinéma d'Im Kwon-Taek, le plus grand cinéaste que la Corée ait connue.
Surtout son début de carrière, des fois très cru, violent et immoral.
Il s'est calmé par la suite, en se concentrant davantage sur du cinéma populaire.
Kitano, est un peu dans le même registre que les films policiers de Kinji Fukasaku.
Avec moins d'avant-gardisme dans la mise en scène, mais davantage de réflexion.
Tu cites Kurosawa et Ozu, et je vais te trouver des descendants directs:
On pourra prendre l'exemple de Shinji Aoyama, qui bien qu'ayant son propre style, reprend des idées de mise en scène, à Kurosawa, idem pour le méconnu Hiroshi Toda.
Ou plus évident encore, Hou hsiao Hsien qui n'a jamais caché ses influences concernant Ozu.
D'ailleurs, c'est à peu de chose près, le même cinéma, Hou Hsiao Hsien apportant une touche contemporaine et novatrice, au classicisme de sa mise en scène...
Réellement, le cinéma asiatique puise dans ses propres idées, dans son propre savoir, afin de laisser éclore, le meilleur du cinéma actuel.
Suffit d'isoler quelques films seulement pour s'en rendre compte:
"L'Île nue" de Kaneto Shindô ou le récent "The Taste of Tea" de Katsuhito Ishii, suffiraient presque à prouver le dynamisme et l'audace asiatique, sauf qu'ils ne sont que deux films parmi tant d'autres qui valent la peine d'être vu, et qui souffrent encore de cette indifférence du public occidental....
Certes le cinéma asiatique s'exporte mieux, mais je puis vous jurer que ce n'est rien, par rapport à ce que je vois et qui ne sort pas en France...
Ils essayent de diffuser un maximum de cinéma populaire, le néo-polar Hong-Kongais en est l'exemple, mais il y'a de jeunes auteurs qui ne sont pas encore connus:
Ryosuke Hashiguchi, par exemple, ou Hiroshi Toda, méconnus en europe, et qui pourtant méritent que l'on s'attache à eux.
Pareil pour Ryu Murakami, écrivain devenu cinéaste, auteur d'un bon film "Tokyo Decadence" ou Naomi Kawase, que l'on ne connaît quasiment que pour "Shara", et qui pourtant, à fait de belles choses...
Donc le cinéma asiatique regorge de perles encore fermées en europe, mais qui s'ouvriront peut être un jour....
C'est tout ce que j'espère, ne serait-ce que pour que ce cinéma montre qu'il est encore loin d'avoir abattu toutes ses cartes, et que sa grande vitalité, est à l'opposé d'un phénomène de mode.
Ce n'est en fait que le début...